Cette voie privée dont l’origine vient du nom de M. Durmar, propriétaire, se situe dans le quartier Saint-Ambroise (11e). C’est une cour artisanale, une impasse au bout de la rue Oberkampf, au sol garni de pavés luisants, et puis des bruits de ferraille, un bureau dont la porte reste ouverte, un « coin salon » très chic… Une ambiance déglinguée et émouvante…
Évidemment, des promoteurs à l’affut guettent, reluquent ces fameux mètres carrés. Il faut sauver la cité Durmar ! Les occupants inquiets déjà en 2009, publiaient cet appel :
« Nous, les occupants de la cité Durmar, avons besoin d'aide pour faire connaître le danger qui nous menace : l'expulsion de l'ensemble des familles et des artisans, artistes et professionnels qui y vivent depuis de nombreuses années.
Depuis plusieurs années, nous avons tout tenté pour préserver notre cadre de vie, lieu de mémoire de l'époque industrielle du siècle passé, et surtout îlot désormais rare de mixité sociale.
Savez-vous par exemple que se trouve ici la plus vieille forge de Paris, un découpeur des carrés de papiers multicolores utilisés sur les marchés ?
Des personnes âgées qui sont nées et ont vécu dans la même impasse toute leur vie ?
Que des ateliers d'artistes et de graphistes côtoient ceux des brocanteurs, des repousseurs sur métaux, des créateurs de bijoux ?
Que les ateliers de confection côtoient des sociétés de production d'œuvres cinématographiques et multimédia ?
Ces activités font appel à des personnes de compétences, de générations et de profils sociaux extrêmement variés et la proximité dans laquelle elles travaillent, favorisent l'intégration de leurs enfants et l'harmonie dans laquelle nous vivons. Les liens qui se créent entre les enfants des uns et des autres, lorsqu'ils jouent ensemble dans l'allée pavée, persistent à l'école du quartier, et cela soutient incontestablement ceux dont les parents parlent encore mal le français.
Très attachés à la qualité exceptionnelle de notre cadre de vie, nous avons multiplié les offres d'achat pour tenter d'acquérir ce terrain. C'est pourtant un marchand de bien qui a fini par emporter l'affaire, malgré une offre d'un montant inférieur à la nôtre !
La manœuvre douteuse qui a présidé à cette vente a été reconnue par les tribunaux mais la vente est néanmoins actée.
Nous sommes maintenant menacés d'expulsion et subissons au quotidien les tracasseries habituelles des requins de l'immobilier. Citons dans le désordre : négligence de l'entretien (alimentation d'eau non réparée, poubelles accumulées, arrivée de rats...), charges non justifiées, accès principal bloqué arbitrairement au mépris de la sécurité de tous, nouveaux employés grossiers et hostiles... Tous les moyens sont bons pour nous pousser dehors. De notre côté, nous avons intenté des procédures pour contester les congés (expulsion sans indemnités) que nous avons tous reçus, bien que nous soyons en règle et en activité.
Nous savons que ces combats ne se gagnent pas seulement aux tribunaux et nous mettons par conséquent tout en œuvre pour empêcher que le profit financier d'un homme d'affaire ait raison contre une communauté paisible de familles et de travailleurs. »
Il est regrettable que la cité Durmar ne soit inscrite qu’en ELP (espace libre protégé), laissant les bâtiments sans protection…
La demande de protéger « Ville de Paris » (PVP) cette parcelle comportant des bâtiments, des formes urbaines et un patrimoine architectural n’aboutit pas aux raisons que l’ensemble des bâtiments ne paraissent (!) pas répondre aux critères de protection. Il est toutefois demandé que lors de la présentation du projet de PLU en vue de son adoption définitive devant le Conseil de Paris, cette observation fasse l’objet d’un nouvel examen bienveillant au vu des critères retenus pour inscrire les prescriptions demandées.
En effet, la commission d’enquête pense que cet ensemble d’ateliers typiques du faubourg a certes une morphologie intéressante, appelant une protection de type ELP, mais qu’il serait souhaitable de protéger également le bâti qui crée l’ambiance paysagère de l’ensemble architectural.
Finalement le 25 juillet 2012 deux demandes de permis de construire, au N° 5 :
- démolition d’un bâtiment d’un étage, sur impasse. Date d’enregistrement : 25-07-2012 ;
- Construction d’un bâtiment de 2 étages sur 1 niveau de sous-sol, sur impasse, à usage d’artisanat et d’habitation (3 logements).
Est-ce la conclusion définitive ? La Commission du Vieux Paris, dans sa séance du 28 septembre 2012, jette l’éponge !